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L’étrangerRene-Francois Sully Prudhomme

Je me dis bien souvent : de quelle race estu ?
Ton coeur ne trouve rien qui l’enchaîne ou ravisse,
Ta pensée et tes sens, rien qui les assouvisse :
Il semble qu’un bonheur infini te soit dû.

Pourtant, quel paradis astu jamais perdu ?
A quelle auguste cause astu rendu service ?
Pour ne voir icibas que laideur et que vice,
Quelle est ta beauté propre et ta propre vertu ?

A mes vagues regrets d’un ciel que j’imagine,
A mes dégoûts divins, il faut une origine :
Vainement je la cherche en mon coeur de limon ;

Et, moimême étonné des douleurs que j’exprime,
J’écoute en moi pleurer un étranger sublime
Qui m’a toujours caché sa patrie et son nom.

Les vaines tendresses

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Publié dansPoètesRene-Francois Sully Prudhomme

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