Aller directement au contenu

Invitation à la valseRene-Francois Sully Prudhomme

Sonnet.

C’était une amitié simple et pourtant secrète :
J’avais sur sa parure un fraternel pouvoir,
Et quand au seuil d’un bal nous nous trouvions le soir,
J’aimais à l’arrêter devant moi tout prête.

Elle abattait sa jupe en renversant la tête,
Et consultait mes yeux comme un dernier miroir,
Puis elle me glissait un furtif : « Au revoir ! »
Et belle, en souveraine, elle entrait dans la fête.

Je l’y suivais bientôt. Sur un signe connu,
Parmi les mendiants que sa malice affame,
Je m’avançais vers elle et, modeste, ingénu :

« Vous m’avez accordé cette valse, madame ? »
J’avais l’air de prier n’importe quelle femme,
Elle me disait : « Oui », comme au premier venu.

Lectures : 0
Publié dansPoètesRene-Francois Sully Prudhomme

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *