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De forlongeAime Cesaire

Les maisons de par ici au bas des montagnes

ne sont pas aussi bien rangées que des godillots

les arbres sont des explosions dont la dernière étincelle

vient écumer sur mes mains qui tremblent un peu

désormais je porte en moi

la gaine arrachée d’un long palmier

comme serait le jour sans ton souvenir

la soie grège des cuscutes

qui au piège prennent le dos du site

de la manière très complète du désespoir

des ceibas monstrueux seuls auxquels

dès maintenant je ressemblerais dépouillé des feuilles

de mon amour

je divague entre houle et javelles que fait tumultueuse

la parole des albizzias

il y a en face de moi un paysan extraordinaire

ce que chante le paysan c’est une histoire

de coupeur de cannes

han le coupeur de cannes

saisit la dame à grands cheveux

en trois morceaux la coupe

ah le coupeur de cannes

la vierge point n’enterre

la coupe en morceaux

les jette derrière ah

le coupeur de cannes

chante le paysan et vers un soir de coutelas s’avance

sans colère

les cheveux décoiffés de la dame aux grands cheveux

font des ruisseaux de lumière

ainsi chante le paysan

Il y a des tas de choses dont je ne sais pas le nom

et que je voudrais te dire

au ciel ta chevelure qui se retire solennellement

des pluies comme on n’en voit jamais plus des noix

des feux
Saint-Elme

des soleils lamés des nuits murmurées

des cathédrales aussi

qui sont des carcasses de grands chevaux rongés

que la mer a crachés de très loin

mais que les gens continuent d’adorer

des tas de choses oubliées

des tas de choses rêvées

tandis que nous deux
Lointaine-ma-distraite

nous deux

dans le paysage nous entrons jamais fané

plus forts que cent mille ruts

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Publié dansAime CesairePoètes

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