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Fabricant de revesAlain Bosquet

Toute une vie qui soudain se résume

à quelque manuscrit !
L’espoir et la rancœur, la gloire et l’amertume

que l’on a désappris,

pour un chaos où plus rien ne s’agite

dans le soupçon fumeux : le peuple y est indifférent comme l’élite,

et si quelqu’un s’émeut,

ce ne serait qu’un oiseau de passage

qui grimpe sur les blés : toute une vie absente, et pas même un orage

vers qui l’on puisse aller

pour un peu de fraîcheur ou de musique.

Une vie de travers qui veut se refuser à celui qui l’explique

dans sa gerbe de vers,

à la façon des anciennes romances

où l’on se croyait beau, en un siècle perdu que le poète pense

ressusciter.
Nabot,

voyou, rêveur et fabricant de rêves !

Toute une vie s’éteint, tandis que dans l’azur un platane s’élève

et s’arrache au destin.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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