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On doit dire : putainAlain Bosquet

Voyant, voyou, voyeur : moi, je m’assume

— on n’est pas délicat —

de mon vivant ou à titre posthume

— on étudie le cas.

Je chante l’existence et ses merdouilles

— on n’y voit que du feu.

Pour un mot de travers, moi je me mouille

— on se demande un peu !

Je suis idéaliste ou bien vulgaire

— on voudrait bien savoir ; pour un amour j’ai remué la terre

— on caresse l’espoir.

Et pour un autre amour, je veux me pendre

— on a son air moisi —

mais à quoi bon ! la salope est si tendre

— on se mord le zizi.

Ma liberté, moi je la veux gourmande

— on commence à zéro.

J’ai la frousse pourtant : je me demande

— on joue son numéro —

où je vais aboutir : est-ce à la cloche

— on lui passe dix sous ?

Je suis poète avant d’être bidoche

— on le foutra au trou.

En attendant, je bouffe quelques rêves

— on croirait un prolo.

Dans ma chanson, les colibris ça crève

— on en a, du culot !

et l’orchidée, ça devient dégueulasse

— on en a le cœur gros.

Si je le veux, parfois je me surpasse

— on en fait toujours trop.

Je vends l’azur, la rosée je l’achète

— on y perd son latin.

Je suis comme je suis : un vrai poète

— on doit dire : putain.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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