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J’oublieAlain Bosquet

En
Flandre, au bord d’un fleuve,

une femme jadis

m’a dit : «
Pour toi j’arrête les rivières. »

J’oublie.

Au
Nebraska, par mille blés de fond,

une femme jadis

m’a dit : «
Je suis ta seule nourriture. »

J’oublie.

A
Londres sous les bombes,

une femme jadis

m’a dit : «
Je suis ta capitale

et ton chef-lieu et tes faubourgs. »

J’oublie.

A
Berlin, à l’époque

des après-guerre,

des avant-guerre,

une femme, je crois, m’a dit :

«
Je suis l’instant vécu

que sans cesse tu dois revivre. »

Sous un pont à
Venise, une femme

m’a dit :

«
Je suis ton masque et ton miroir brisé. »

J’oublie.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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