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L’attenteAlain Bosquet

On a repeint les deux étages.

Les clématites vont d’un mur à l’autre.

Une fenêtre donne

tantôt sur la vallée,

tantôt sur l’océan.

En souvenir des chats,

le vieux fauteuil se met à ronronner.

Pourtant, personne encore

n’est revenu.

On a bordé le lit,

qui sent la rose et la caresse.

Il interroge le plafond,

puis se plaint au miroir :

il ne supporte pas la solitude.

Pourtant, personne

ne dit qu’il a sommeil.

On a mis, comme il faut, la table :

poulet froid, vin qui chante,

fruits venus de très loin.

Le cristal est plus pur

que la neige, à l’époque des fontes.

Les invités parleraient de l’espoir.

Pourtant, personne encore ne veut prendre un repas.
On a ouvert les livres sur leurs plus belles pages, avec les mots tout nus et les proverbes vierges.
Le grand héros a salué, plusieurs fois, à la ronde.
L’héroïne a prédit vingt années de bonheur.
Pourtant, personne encore ne veut apprendre à lire.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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