Tout est simple parfois : je parle à ma cravate
et prends l’avis de mes chaussons.
Tout est parfois très naturel : le vent se gratte,
et sans façon
le vieil azur s’assoit au seuil de la cuisine
pour bavarder une heure ou deux.
Tout est parfois banal : le poète imagine
qu’un sort hideux
l’attend à chaque pas, mais c’est ma balançoire
qui sottement proteste et geint.
Tout est parfois très convenable et sans histoires.
De quel engin
s’agirait-il ?
La rue s’émeut, la ville explose,
la guerre est pour demain.
Il ne faut pas pourtant qu’on dérange ma prose.
Je suis humain,
c’est entendu : me surpasser, je le refuse
et garde mon confort.
Tout est parfois réel, fougueux, sans ruse,
au bas du port,
où le navire a beau combattre l’incendie
et les soldats s’assassiner, je n’y vois rien.
L’existence affadie
peut me donner
d’autres frissons.
Tout est parfois sans importance :
le pot de fleurs n’a pas de fleurs et je trouve à mon pain, qui était rance,
un goût meilleur
que ce matin.
Tout est parfois très raisonnable,
malgré la mort des innocents.
Tutoyer mon miroir devant ma table
est fort décent.
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