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Un videAlain Bosquet

Imaginons : j’ai fait fortune

dans les genoux artificiels,

les éventails de nacre,

les fausses dents.

La cinquantaine atteinte,

j’ai divorcé pour mieux courir les gourgandines

et les danseuses

qui, vers trois heures du matin, crachent le sang.

J’ai payé cher

pour ne jamais revoir mes fils :

l’aîné, un gigolo ;

et l’autre, une poule mouillée.

Hôtel de passe,

hôtel de luxe :

divine alternative !

Au poker je ne joue qu’avec les malfaiteurs,

pour apprendre comment ils trichent.

J’aime les guerres,

cigare en bouche,

devant un cinzano.

Parfois je donne cent dollars

pour les enfants de
Roumanie :

ils iront dans la poche

d’un colonel très moustachu.

Je ne lis plus que les journaux :

pronostics, mots croisés, cours en

Bourse.
Je ne sais pas ce qu’est

la poésie.
L’an prochain, à

ma mort, je ne laisserai rien,

pas même un vide au cœur de mes amis.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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