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RésurrectionAlain Bosquet

Cinq ou six jours après ma mort,

on a jugé que je mérite

de revenir sur terre.

L’idée me paraît saugrenue,

mais je ne veux désobliger personne.

Vu mes services

de poète lucide et franc,

on m’a laissé le choix :

«
Voulez-vous être

Boccace,
Lord
Byron,

Victor
Hugo,
Virgile,
Apollinaire ? »

Je n’ai pas répondu.

On a surenchéri : «
Soyez

Léonard de
Vinci,
Vermeer,
Chardin,

Paganini. »
J’ai gardé le silence.

«
Nous nous arrangerons si votre sympathie

allait à
Richelieu ou à
Colbert,

à
Bonaparte ou à
Philippe
II. »

Je dis enfin : «
Vous me feriez honneur

en m’envoyant là-bas,

entre fleuve et azur, sur un rocher à pic,

mugissant et mangeur d’étoiles,

en qualité de baobab. »

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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