Aller directement au contenu

ImprécationAntoine Girard de Saint-Amant

Si jamais j’entre dans Ëvreux,
Puissé-je devenir fiévreux!
Puissé-je devenir grenouille !
Puissé-je devenir quenouille!
Que le vin me soit interdit,
Que nul ne me fasse crédit,
Que la teigne avec la pelade
Se jette dessus ma salade,
Que je serve de
Jacquemart,
Qu’on me coupe le braquemart;
Bref, que cent clous gros d’apostume,
Noirs et gluants comme bitume,

M’environnent le fondement,
Si j’y songe tant seulement.

Qu’à jamais la guerre civile
Trouble cette maudite ville;
Que
Phébus, qui fait tant le beau,
N’y porte jamais le flambeau :
Qu’il y pleuve des hallebardes,
Que tout ce que jadis nos bardes
Ont prophétisé de malheurs,
D’ennuis *, d’outrages, de douleurs,
De poison, de meurtre, d’inceste,
De feu, de famine et de peste,
S’y puisse bientôt accomplir,
Et tout son domaine en remplir.

Voilà ce qu’une ire équitable
Fit prononcer, étant à table,
De haine ardemment excité
Contre cette infâme cité,
Au plus bénin de tous les hommes
Qui boivent au temps où nous sommes.

Ô bon ivrogne ! ô cher
Faret !
Qu’avec raison tu la méprises
On y voit plus de trente églises,
Et pas un pauvre cabaret.

Lectures : 0
Publié dansAntoine Girard de Saint-AmantPoètes

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *