Aller directement au contenu

A un sot rimeur, qui trop l’importunait d’aimerPernette Du Guillet

Tu te plains que plus ne rimasse,
Bien qu’un temps fut que plus aimasse
À étendre vers rimassés,
Que d’avoir biens sans rime assez :
Mais je vois que qui trop rimoye
Sus ses vieux jours enfin larmoye.

Car qui s’amuse à rimacher
À la fin n’a rien à mâcher.

Et pource, donc, rime, rimache,
Rimone tant et rime hache,
Qu’avecques toute ta rimaille
N’aies, dont tu sois marri, maille :
Et tu verras qu’à ta rimasse
Comme moi feras la grimace,
Maudissant et blâmant la rime,
Et le rimasseur qui la rime,
Et le premier qui rimona
Pour le grand bien qu’en rime on a.
Et tu veux qu’à rimaillerie
Celui qui n’aura maille rie ?

Je te quitte, maître rimeur,
Et qui plus a en sa rime heur,
En rime lauds, en rime honneurs,
Ensemble tous tels rimoneurs.

(Epître II)

Rymes

Lectures : 0
Publié dansPernette Du GuilletPoètes

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *