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Du renard et du singeGilles Corrozet

En un beau champ les bêtes s’assemblèrent
Afin d’élire et faire un nouveau roi ;
Aucuns d’entre eux le concile troublèrent,
Voulant n’avoir prince, juge, ni loi.

Un singe y vint, qui fit mille souplesses,
Danses et sauts, dont fut si bien voulu
Que d’un accord, pour telles gentillesses,
Fut le grand roi pardessus tous élu.

Quelque renard sur ce roi envieux,
Pour le tromper, lui dit ainsi :
‘Cher sire, je sais ci près un trésor précieux
Qui appartient à votre haut empire.’

Selon son dit, aux champs l’accompagna,
Où lui montra une fosse profonde.
‘Làbas, ditil, le feu roi épargna
Tous les trésors et richesses du monde.’

Le singe y crut, et bas il descendit
Tout aussitôt fut pris et arrêté,
Dont se plaignait et le renard lui dit,
En reprochant son instabilité
‘Toi, non sachant, nous veuxtu dominer,
Qui lâchement t’es laissé ainsi prendre ?’
Certes, qui veut son fait ainsi mener
Sans jugement, il est trop à reprendre.

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Publié dansGilles CorrozetPoètes

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