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La FurtiveRobert Desnos

La furtive s’assoit dans les hautes herbes pour se reposer d’une course épuisante à travers une campagne déserte.

Poursuivie, traquée, espionnée, dénoncée, vendue.

Hors de toute loi, hors de toute atteinte.

À la même heure s’abattent les cartes

Et un homme dit à un autre homme :

« À demain. »

Demain, il sera mort ou parti loin de là.

À l’heure où tremblent les rideaux blancs sur la nuit profonde,

Où le lit bouleversé des montagnes béant vers son hôtesse disparue

Attend quelque géante d’au-delà de l’horizon,

S’assoit la furtive, s’endort la furtive.

Ne faites pas de bruit, laissez reposer la furtive

Dans un coin de cette page.
Craignez qu’elle ne s’éveille,

Plus affolée qu’un oiseau se heurtant aux meubles et aux murs.

Craignez qu’elle ne meure chez vous,

Craignez qu’elle s’en aille, toutes vitres brisées,

Craignez qu’elle ne se cache dans un angle obscur,

Craignez de réveiller la furtive endormie.

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Publié dansPoètesRobert Desnos

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