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Le SortRobert Desnos

J’ai souhaité ta mort et rien ne peut l’empêcher de venir prématurément

Je t’ai vu couvert de sueur et de sanies

À l’instant même de ton agonie

E tout en toi était cruel et dément.
Écoute. Ce jour-là un gros nuage s’élevait des collines de Bicêtre

Et montait derrière le Dôme du Val-de-Grâce.

Un enfant criait qui venait de naître,

Rue Saint-Jacques, dans une maison basse.
Rien ne peut désormais te sauver de la honte et de la douleur

Car mon souhait avait la saveur des choses qui se réalisent.

Déjà d’imperceptibles signes physiques, dans ton esprit et dans ton cœur,

T’avertissent qu’il est temps et adieu la valise.
Rien ne te servirait de pleurer et te repentir,

Rien ne te servirait d’avoir une attitude noble,

Car le néant est ton seul devenir

Et ton nom ne survivra pas dans les proverbes du peuple.
Le nuage noir a débordé le Val-de-Grâce et Saint-Sulpice,

Il s’est longuement reflété dans la Seine avant de se résoudre en orage.

Moi je le regardais du haut d’une blanche bâtisse

Et son tonnerre a libéré de grands oiseaux de leur cage.

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Publié dansPoètesRobert Desnos

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