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Dans bien longtempsRobert Desnos

Dans bien longtemps je suis passé par le château des feuilles

Elles jaunissaient lentement dans la mousse

Et loin les coquillages s’accrochaient désespérément aux rochers de la mer

Ton souvenir ou plutôt ta tendre présence était à la même place

Présence transparente et la mienne

Rien changé mais tout avait vieilli en même temps que mes tempes et mes yeux

N’aimez-vous pas ce lieu commun ? laissez-moi laissez-moi

c’est si rare cette ironique satisfaction

Tout avait vieilli sauf ta présence

Dans bien longtemps je suis passé par la marée du jour solitaire

Les flots étaient toujours illusoires

La carcasse du navire naufragé que tu connais —

tu te rappelles cette nuit de tempête et de baisers ? —

était-ce un navire naufragé ou un délicat chapeau de femme

roulé par le vent dans la pluie du printemps était à la même place

Et puis foutaise larirette dansons parmi les prunelliers !

Les apéritifs avaient changé de nom et de couleur

Les arcs-en-ciel qui servent de cadre aux glaces

Dans bien longtemps tu m’as aimé.

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Publié dansPoètesRobert Desnos

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