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ColloqueTheodore de Banville

En passant auprès du bassin

Où le flot s’enfle comme un sein,

L’oiseau neigeux m’ayant fait signe,

J’approchai bien vite, et sur lui
Comme un rayon d’or avait lui,

Je dis à ce beau Cygne: Cygne!

Buvant le ciel aérien,

Blanc voyageur, tu ne fais rien.
C’est vainement que l’on t’épie.

Etre de neige, comme un lys,

Te suffit, ô Cygne, tandis

Que nous faisons de la copie.
Va chercher une entrave ailleurs!

Imite les bons travailleurs:

Le Boeuf superbe qui laboure,

Ou l’Ane, heureux d’avoir marché,
Qui, sur son dos, porte au marché,

Des légumes, et que l’on bourre.

Et nous-mêmes, sans nous vanter,

Vois, nous ne savons qu’inventer
Pour montrer notre humeur folâtre.

Romantiques impénitents,

Nous écrivons, de temps en temps,

Quelque farce, pour le théâtre.
Que diable! escrime-toi, voyons,

Autrement que dans les rayons! –

Tel, mû par le désir insigne

Et rempli d’opportunité
D’entrer dans la modernité,

Je gourmandais le nommé Cygne;

Mais l’oiseau de neige et de lys,

Plus blanc que le sein de Laïs,
L’oiseau divin qui, sur la ville

Regarde l’astre à son déclin,

Me dit:  Ne fais pas le malin

Et soigne tes rimes, Banville.

1er septembre 1888.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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