Aller directement au contenu

ChasseursTheodore de Banville

Amour connaît toujours cet art

Qui fit ruisseler tant de larmes.

Cependant, il est en retard,

Du moins sous le rapport des armes.
En de nombreux départements

Voici que la chasse est ouverte,

Et livre à leurs déportements

Les chasseurs, dans la forêt verte.
Adonis jamais amoindris,

Brûlés des plus ardentes fièvres,

Ils vont massacrer les perdrix

Et mettre à mort beaucoup de lièvres.
Jolis des premiers aux derniers,

Ils ont, en leurs façons coquettes,

De très agréables carniers

Et de gracieuses casquettes.
Les ruisseaux, comme des miroirs,

Orgueilleusement les reflètent,

Et leurs chiens, blancs, jaunes et noirs

Leur vont très bien et les complètent.
Leurs solides et clairs fusils

Où le confort anglais respire,

Ont été dans Londres choisis:

Cela fait plaisir à Shakspere.
Ils marchent, d’un air élégant.

Leurs guêtres, qu’on achète rue

De Richelieu, vont comme un gant,

Et charment la foule accourue.
Tous équipés au goût du jour,

Ils sont venus dans leurs calèches,

Excepté le chasseur Amour,

Qui n’a que son arc et ses flèches.

8 septembre 1888.

Lectures : 2
Publié dansPoètesTheodore de Banville

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *