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BastilleTheodore de Banville

Tandis que tu t’envoles

Dans les cieux bénévoles

Mieux que ta soeur Babel,

O tour Eiffel,
La Bastille s’élève

De nouveau, comme en rêve.

C’est bien. Mettons dedans

Les imprudents.
Donnons-lui ces critiques

Aux vagues esthétiques,

Faux comme des jetons.

Amis, jetons
Dans sa gueule vorace

Les tribuns, dont la race

Ne vaut pas même un tiers

De monsieur Thiers!
Que bien vite elle avale

Leur troupe sans rivale,

Dont les moins longs discours

Ne sont pas courts!
Qu’elle mange et dévore

Le fabricant sonore

Des poëmes qu’on sert

Dans un concert!
Mettons-lui dans la gueule

Non Margot toute seule,

Mais tous les régiments

De ses amants.
Et l’étranger baroque

Débarqué, vers l’époque

Où tombe le grésil,

D’un faux Brésil,
Et ces crétins sans nombre

Dont les nez font une ombre

Épouvantable sur

Le chaste azur!
30 juin 1888.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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