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Ballade à Georges RochegrosseTheodore de Banville

La sottise partout fait rage.

Bienheureux qui s’est abstenu

D’ouïr maint et maint personnage

Dont l’esprit a pour revenu

Le banal et le convenu:

Que le Diable serre leurs gorges!

Puisque te voilà prévenu,

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Si tu veux vivre en homme sage,

Lorsque l’âge sera venu,

Fuis l’oisif et son bavardage,

Le rêveur au cerveau cornu

Et l’imbécile parvenu;

Car tous ces gens-là font leurs orges

En pillant l’artiste ingénu.

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Pour les filles au coeur volage

Qui s’en vont, le sein demi-nu,

Avec une fleur au corsage,

Fuis cette gent trotte-menu,

Car Amour, forgeron connu,

Pour leurs yeux martèle en ses forges

Plus d’un trait subtil et ténu.

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Envoi.
Il faut les fuir au bois chenu

Des merles et des rouges-gorges,

Ou dans le travail continu:

Souviens-toi bien de cela, Georges.
Juillet 1869.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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