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Le Divan Le PeletierTheodore de Banville

Ce fameux divan est un van

Où l’on vanne l’esprit moderne.

Plus absolutiste qu’Yvan,

Ce fameux divan est un van.

Des farceurs venus du Morvan

Y terrassent l’hydre de Lerne.

Ce fameux divan est un van

Où l’on vanne l’esprit moderne.
Là, Guichardet, pareil aux Dieux,

Montre son nez vermeil et digne.

Ici, des nains qui n’ont pas d’yeux ;

Là, Guichardet, pareil aux Dieux.
Mürger, c’est fort dispendieux,

Fait des mots à cent sous la ligne.

Là, Guichardet, pareil aux Dieux,

Montre son nez vermeil et digne.
On voit le doux Asselineau

Près du farouche Baudelaire.

Comme un Moscovite en traîneau,

On voit le doux Asselineau.

Plus aigre qu’un jeune cerneau,

L’autre est comme un Goethe en colère.

On voit le doux Asselineau

Près du farouche Baudelaire.
On y rencontre aussi Babou

Qui fait de ce lieu sa Capoue.

Avec sa plume pour bambou,

On y rencontre aussi Babou.

A sa gauche, un topinambou

Trousse une ode topinamboue.

On y rencontre aussi Babou

Qui de ce lieu fait sa Capoue.
Près de l’harmonieux Stadler,

Flamboie encor La Madelène.

Emmanuel regarde en l’air,

Près de l’harmonieux Stadler.

Voillemot voit dans un éclair

Passer le fantôme d’Hélène.

Près de l’harmonieux Stadler

Flamboie encor La Madelène.
Le divan près de l’Opéra

Est un orchestre de voix fausses.

On ne sait quel mage opéra

Le divan près de l’Opéra.

Ces immortels morts, on paiera

Pour contempler encor leurs fosses.

Le divan près de l’Opéra

Est un orchestre de voix fausses.
Septembre 1852.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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