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RelèveCharles Vildrac

A notre place

On a posé

Des soldats frais

Pour amorcer

La mort d’en face.
Il a fallu toute la nuit pour s’évader.

Toute la nuit et ses ténèbres

Pour traverser, suant, glacé,

Le bois martyr et son bourbier

Cinglé d’obus.
Toute la nuit à se tapir,

A s’élancer éperdument,

Chacun choisissant le moment,

Selon ses nerfs et son instinct

Et son étoile.
Mais passé le dernier barrage,

Mais hors du jeu, sur la route solide,

Mais aussitôt le ralliement

Aux lueurs des pipes premières,
Dites, les copains, les heureux gagnants,

Quelle joie titubante et volubile !
Ce fut la joie des naufragés

Paumes et genoux sur la berge

Riant d’un douloureux bonheur

En recouvrant tout le trésor;
Tout le trésor fait du vaste monde

Et de la mémoire insondable

Et de la soif qu’on peut éteindre

Et même du mal aux épaules

Qu’on sent depuis qu’on est sauvé.
Et l’avenir ! Ah ! l’avenir,

Il sourit maintenant dans l’aube :

Un avenir de deux longues semaines

A Neuvilly dans une étable…

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Publié dansCharles VildracPoètes

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