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Où les sens ne font qu’unLouise de Vilmorin

Je suis dans une chambre où les sens ne font qu’un,

Oreille, nez et main, bouche et regard s’assemblent,

L’œil entend, le nez voit, la main goûte aux parfums,

L’oreille a le toucher, la bouche a tout ensemble.

Je suis dans une chambre où les sens ne font qu’un.
Je suis dans une chambre où le souvenir veille,

Où le souvenir dort, m’abandonne et me prend.

Des anciennes langueurs le chagrin s’émerveille,

Il faut peu de bonheur pour pleurer trop longtemps,

Je suis dans une chambre où le souvenir veille.
Mon nez voit les rideaux du lit monter au ciel,

Mon œil écoute aux murs et l’heure et la demie,

Mon oreille se tend à ta paume endormie

Ma lèvre sans baiser goûte au baiser véniel

Et mes mains ton parfum quand j’étais ton amie.

Mon nez voit les rideaux du lit monter au ciel.
1954

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Publié dansLouise de VilmorinPoètes

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