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Cailloux des souvenirsLouise de Vilmorin

Cailloux des souvenirs vous faites trop de bruit

En vous entrechoquant. J’en ai la tête lourde,

Le cœur fou, l’âme folle et quand tombe la nuit

Et que je vous entends, je voudrais être sourde.
Le silence viendrait. Les fleurs me parleraient

De leur vie incessante et de leur pharmacie,

Mon savoir serait autre avec d’autres secrets

Que celui qui m’éveille et dont je me soucie.
Je passerais mon temps à ne pas me revoir

Et je m’écarterais des eaux de mon miroir

Où l’oiseau voyageur s’éprenait des colombes.
Sourde et seule avec moi dans mon lit de pâleur

Ne me parviendrait plus le chant des crève-cœur

Ni le bruit des cailloux qui construisent ma tombe.

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Publié dansLouise de VilmorinPoètes

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