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GrenadeJules Supervielle

L’aube touche d’un regard long
Les tours et les urbaines combes.
Le ciel guidé par les colombes
Descend sur la ville à tâtons.

Sur chaque toit une fumée
Dans un itinéraire sourd
S’en va rejoindre au fond du jour
Les vieilles nuits mal consumées.

Un nuage de
Charles-Quint
Frôlant les cyprès catholique
S’ouvre et des anges balsamiques
Glissent aux pentes du matin,

Anges de marbre et de peinture
Au vol roman ou renaissant,
Vierge au sourire diligent
Qui cherche l’âme sous la bure.

Un lion gronde dans sa pierre
Et vient par le chemin de ronde

Où des fleurs et des lucioles
Lui font auréole et lumière,

Son cœur par le marbre pressé
A son pas fait un bruit de chaîne
Rien ne lui peuvent les fontaines,
L’eau qui coule pour consoler.

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Publié dansJules SuperviellePoètes

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