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DistancesJules Supervielle

Dans l’esprit plein de distances qui toujours se

développent
Comme au fond d’un télescope
L’homme accueille les aveux de sa pensée spacieuse,
Carte du ciel où s’aggravent
Altaïr et
Bételgeuse.

Venant de l’âge de pierre une rumeur de bataille
Traverse l’air éternel
Montant la côte du ciel
Entourée de cris errants.

Des village arrachés
S’essaient à d’autres villages,
Défont et refont leurs formes
Comme une glaise impalpable.

L’âme d’obscures patries

Rôde désespérément dans le ciel indivisible.

Passe du côté d’Arcturu
Un vol de
Sèches perdues.

Une biche vient, regarde et disparaît haletante
Dans la brume de ses naseaux bleus qui tremblent
Sous les célestes rosées,
Mais elle a laissé dans l’air la trace de ses foulées.

On voit monter la lumière des visages morts sur

terre,
Des complicités étranges pour assembler un sourire
Ou pour faire battre un cœur
A force de souvenirs.

Et même ce qui fut toujours ombre et silence
Fait alors sa confidence.

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Publié dansJules SuperviellePoètes

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