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L’ombreClaude Roy

L’ombre essaie de ressembler à celui qu’elle accompagne, mais c’est toujours à refaire, toujours à recommencer. Métier d’ombre, métier d’ombre, c’est un vrai métier de chien, on s’échine, se déchire, se fatigue, se détruit. Métier d’ombre, route d’ombre, la vie est dure à gagner.

Si contente était mon ombre de marcher au bord de mer. Mais quand je plonge dans l’eau elle est perdue aussitôt, elle se débat et pleure comme un enfant égaré. Reviens, reviens sur le sable, me crie mon ombre fidèle, reviens vite à mes côtés, ne me laisse jamais seule.

Elle est plus faible que moi, elle se perd en chemin, elle s’accroche aux buissons perdant ses flocons de laine, et s’écorche les genoux, et se noie dans les ruisseaux grelottant le soir venu, redoutant les nuages gris. Métier d’ombre, chemin d’ombre, mon ombre est bien fatiguée.

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Publié dansClaude RoyPoètes

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