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Au Bord des ChampsPierre Reverdy

Je croise la maison toujours inhabitée au bord du sol qui devient dur et change sa matière
Là se tient le grand homme lourd et robuste appuyé contre un arbre
La rive est plus basse que l’eau
Le ciel est plus profond et moins lourd sans nuages

Je crois que les voisins sont assez inquiétants

Mais on parle sans peur quand même dans le soir

Et aussi le matin entre les doigts des feuilles
A travers la vallée
A travers le jardin
Et sur les grandes raies qui coupent ma lumière

Ma place est marquée devant eux
Ils sont derrière le tournant où paraît la rivière
Si près du champ trop clair où se brise le ciel
Où se brise mon cœur si je quitte tout ce que j’aime

J’oublierai tout cela
Je partirai
Mais le chagrin pesant trouvera ma trace quand même

Pierre Reverdy

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Publié dansPierre ReverdyPoètes

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