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Insecte importunRaymond Queneau

Insecte importun libellule errante

Toutes les directions de l’espace s’allument

Chapelle du soir où voguent les navires désarmés

Où flottent les nacelles des ballons perdus

Dans l’air sec des sciences

Tous les livres étages vers la gloire

Navigations entre ces yeux morts ces yeux éteints

La joie s’est enfuie vers l’horizon qui dort

Les faubourgs sont trop loin pour la clarté des jours

Les fenêtres désertent l’espace lamentable

La faim roule dans l’obscurité

L’herbe manque aux moutons marques de la pâture

La nature hélas hélas ce n’est pas fini

Et toujours recommence

Ce petit air ancien qu’à huit ans j’enfermais dans un

[carnet brun
Il y avait un poème sur le chat

Un autre sur
Château-Gaillard
Et des tables de sinus hypothétiques
C’est la lumière qui a manqué
Et non pas la poussière

Les marches impaires ne me pardonneront jamais ma

[vitesse

Les minutes de ce jour

Sont plus longues que les années de mon enfance

L’escalier frémit

Actes timorés pensées tremblantes

Laisser au papier sa marge

A l’instant sa douleur

Cycles tournant des éphémères

Peinture faite de tronçons

Du haut en bas on désespère

De bas en haut c’est la chanson

Planisphère aux pôles troués

Des océans qui écument

Des cités désaffectées

Et des volcans qui s’enfument

Mais sur l’astrakan où scintille la neige

Des mains froides se sont posées

C’est pour toujours ou pour jamais

C’est pour maintenant

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Publié dansPoètesRaymond Queneau

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