Aller directement au contenu

Trafalgar Square la NuitValery Larbaud

Ne sens-tu pas, jeune mendiante, qu’il est beau,
Que c’est une chose précieuse, d’être là,
Errant dans ce désert architectural
Au milieu de la plus grande ville du monde, sous les
astres

Perpendiculaires, astres malins, clignotants,

Réverbères embués de la cité céleste?

Ne songe plus à ta faim, mais joue

A deviner les lions couchés dans le brouillard bleu,

Au bord des terrasses d’eaux noires où stagnent

Les livides reflets des globes électriques…

Viens! je suis une fée, je t’aime, tout à l’heure

Tu auras un festin dressé pour toi seule et des fleurs
dans ta voiture;
Viens seulement contempler encore quelques instants
La grande chose nocturne, plus belle
Que les déserts et que la mer, et que les fleuves des
tropiques

Roulant dans la splendeur lunaire;

Oh, regarde en silence, te pressant contre moi,

Femme dédiée à la ville !

Valery Larbaud

Lectures : 0
Publié dansPoètesValery Larbaud

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *