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PortraitBlaise Cendrars

Il dort
Il est éveillé
Tout à coup, il peint
Il prend une église et peint avec une église
Il prend une vache et peint avec une vache
Avec une sardine
Avec des têtes, des mains, des couteaux
Il peint avec un nerf de bœuf
Il peint avec toutes les sales passions d’une petite ville
juive

Avec toute la sexualité exacerbée de la province
russe

Pour la

France

Sans sensualité

Il peint avec ses cuisses

Il a les yeux au cul

Et c’est tout à coup votre portrait

C’est toi lecteur

C’est moi

C’est lui
C’est sa fiancée
C’est l’épicier du coin
La vachère
La sage-femme
Il y a des baquets de sang
On y lave les nouveau-nés
Des ciels de folie
Bouches de modernité
La

Tour en tire-bouchon
Des mains
Le

Christ
Le

Christ c’est lui
Il a passé son enfance sur la

Croix
Il se suicide tous les jours
Tout à coup, il ne peint plus
Il était éveillé
Il dort maintenant
Il s’étrangle avec sa cravate
Chagall est étonné de vivre encore

Blaise Cendrars

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Publié dansBlaise CendrarsPoètes

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