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Un Soir CourbéPaul Eluard

Le vent tirait au faisan

Un œil fermé l’autre en bonds clairs

Bulle d’orage hors chemins

Dépassait la pluie embourbée

Un grand frisson ridait d’acier

La poursuite au fil de son sang
La ville folle qui remet tous les jours ses souliers
N’ai-je pas appris à franchir

D’un climat à l’autre les mois

A la suite les années

J’ai mesuré mon impatience

Aux femmes que j’imaginais
On ne mesure pas le désordre
Pourtant
C’est par la femme que l’homme dure
La forge son vin sous la glace

Au carrefour domptait la nuit

Avide fascinée soumise
Comme aux pointes des seins la robe

Comme la proie à son amant
Ailleurs au contraire
Une vague noire qui comble le cœur
Dans des souterrains infinis

Sensible retour à tâtons

Des serpents continuent leur course

Vers le lait lisse d’un seul jour

Vers la verdure du ciel fixe

Qu’un enfant montrera du doigt
Une aile une seule aile rien qu’une aile

Inutile pénible
J’avais des rêves que les femmes Éparpillaient de leurs caresses

Pour me reprendre dans leur ombre

Si j’ai commencé par les femmes

Je ne finirai pas par moi.

Paul Eluard

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Publié dansPaul EluardPoètes

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