Les yeux cernés à la façon des châteaux dans leur mine
      Une bure de ravins entre elle et son dernier regard
      Par un temps délicieux de printemps
      Quand les fleurs fardent la terre
      Cet abandon de tout
      Et tous les désirs des autres à son gré
      Sans qu’elle y songe
      Sa vie aucune vie sinon la vie
      Sa poitrine est sans ombre et son front ne sait pas
      Que sa chevelure ondulée le berce obstinément.
      Des mots quels mots noir ou
      Cévennes
      Bambou respire ou renoncule
      Parler c’est se servir de ses pieds pour marcher
      De ses mains pour racler les draps comme un mourant
      Les yeux ouverts sont sans serrure
      Sans effort on a la bouche et les oreilles
      Une tache de sang n’est pas un soleil accablant
      Ni la pâleur une nuit sans sommeil qui s’en va.
      La liberté est plus incompréhensible encore que la visite du médecin
      De quel médecin une chandelle dans le désert
Au fond du jour la faible lueur d’une chandelle
L’éternité a commencé et finira avec le lit
Mais pour qui parles-tu puisque tu ne sais pas
Puisque tu ne veux pas savoir
Puisque tu ne sais plus
Par respect
Ce que parler veut dire.
Paul Eluard
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