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Yves TanguyPaul Eluard

Un soir tous les soirs et ce soir comme les autres
Près de la nuit hermaphrodite
A croissance à peine retardée
Les lampes et leur venaison sont sacrifiées
Mais dans l’œil calciné des lynx et des hiboux
Le grand soleil interminable
Crève-cœur des saisons
Le corbeau familial
La puissance de voir que la terre environne.
Il y a des étoiles en relief sur eau froide

Plus noires que la nuit

Ainsi sur l’heure comme une fin l’aurore

Toutes illusions à fleur de mémoire

Toutes les feuilles à l’ombre des parfums.
Et les filles des mains ont beau pour m’endormir

Cambrer leur taille ouvrir les anémones de leurs seins

Je ne prends rien dans ces filets de chair et de frissons

Du bout du monde au crépuscule d’aujourd’hui

Rien ne résiste à mes images désolées.
En guise d’ailes le silence a des plaines gelées

Que le moindre désir fait craquer

La nuit qui se retourne les découvre

Et les rejette à l’horizon.
Nous avions décidé que rien ne se définirait

Que selon le doigt posé par hasard sur les commandes d’un appareil brisé.

Paul Eluard

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Publié dansPaul EluardPoètes

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