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Sur un homme populaireVictor Hugo

Ô peuple ! sous ce crâne où rien n’a pénétré,
Sous l’auguste sourcil morose et vénéré
Du tribun et du cénobite,
Sous ce front dont un jour les révolutions
Feront en l’entr’ouvrant sortir les visions,
Une pensée affreuse habite.

Dans l’Inde ainsi parfois le passant curieux
Contemple avec respect un mont mystérieux,
Cime des nuages touchée,
Rêve et croit respirer, sans approcher trop près,
Dans ces rocs, dans ces eaux, dans ces mornes forêts,
Une divinité cachée.

L’intérieur du mont en pagode est sculpté.
Puis vient enfin le jour de la solennité.
On brise la porte murée.
Le peuple accourt en poussant des cris tumultueux ; –
L’idole alors, fœtus aveugle et monstrueux,
Sort de la montagne éventrée.

Le 10 avril 1839.

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Publié dansPoètesVictor Hugo

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