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Ne vous croyez ni grand, ni petitVictor Hugo

Ne vous croyez ni grand, ni petit ! Contemplez.
Asseyez-vous le soir sous les cieux étoilés,
Sur le penchant d’un mont, près de la mer profonde.
Voyez s’évanouir les écumes sur l’onde ;

Voyez sortir des flots les constellations ;
Regardez trembler l’algue et fuir les alcyons ;
Écoutez les bruits sourds qu’on entend dans cette ombre ;
De vos ans écoulés rappelez-vous le nombre ;

Laissez votre âme, en deuil de la fuite des jours,
Se fondre au souvenir de vos jeunes amours ;
Pleurez, tandis que l’eau murmure sur la grève ;
Et puis, songez à Dieu, qui regarde et qui rêve,

Toujours clément, toujours penché, toujours veillant,
À Dieu qui du même oeil égal et bienveillant
Voit la comète ouvrant sa flamboyante queue,
Et l’humble oiseau perdu dans l’immensité bleue.

Le 28 juillet 1846.

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Publié dansPoètesVictor Hugo

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