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À Jules de PrémarayTheodore de Banville

Lecteur, prompt à nous consoler,

Toi qui sais encore voler,

Comme l’abeille, au miel attique,

Ton enthousiaste rumeur

Encourage le doux rimeur,

O voix émue et sympathique !
O mon ami, c’est déjà vieux !

Depuis dix ans, les envieux,

Acharnés sur la même lime,

Ensanglantent leurs yeux ardents,

Et viennent se briser les dents

Contre l’acier pur de ma rime.
O Poésie ! ange fatal !

Des fous marchent d’un pied brutal

A travers tes Édens splendides,

Comme, aux approches de la nuit,

Par les déserts de fleurs s’enfuit

Le troupeau des buffles stupides.
Mais croissez, pervenches et thym !

Comme ces lueurs du matin

Qu’enveloppent en vain des voiles,

O symboles de mes amours !

C’est vous seuls qui vivrez toujours,

Printemps, lauriers, chansons, étoiles !

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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