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AmnésiqueAndre Velter

je me souviens de cet oubli comme d’un poignard brisé en travers de la gorge

silence, avais-tu dit il n’en est rien resté qu’une buée de sable

au pied de l’Arbre
Sec campent ceux qui ont perdu tous les autres repères

Damas,
Hérat ou
Samarkand une ronde de poussière sous le chemin des étoiles

offrande sans fin au désert du ciel aucune solitude n’est assez vaste pour effacer la blessure

l’infini s’égare aussi dans des ronces factices écorché vif, avais-tu dit

ce n’était pas un appel de détresse plutôt un remuement d’énigmes le chant qu’écoutent les sirènes

et les voilà qui s’échouent sur les plages soudain changées en reines mendiantes avec leurs cheveux d’algues

comme échappées du sel des songes j’ai cessé de les voir et les ai dépouillées

le secret a blanchi, soleil rendu à son secret ou à son cœur absent

en un instant la terre est vide délivrée des hantises à un ou deux mots près

nom souverain, syllabes cerclées

d’un bruit de forge

rumeur au goût de cendres rouges

échos d’une voix qui s’est tue la langue des tombeaux semble de coriace agonie

il n’y a rien qui vaille de forcer vaille que vaille la porte ouverte de l’aube

je me souviens de cet oubli

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Publié dansAndre VelterPoètes

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