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Avis de tirsAime Cesaire

J’attends au bord du monde les-voyageurs-qui-ne-vien-

dront-pas donnez-m’en du lait d’enfance des pains de pluie des farines

de mi-nuit et de baobab mes mains piquées aux buissons

d’astres mais cueillies

d’écume délacent avant temps le corsage des verrous

et la foudroyante géométrie du trigonocéphale

pour mon rêve aux jambes de montre en

retard pour ma haine de cargaison coulée pour mes

6 arbres géants de
Tasmanie pour mon château de

têtes en
Papouasie pour mes aurores boréales mes sœurs mes bonnes amies pour mon amie ma femme mon otarie ô vous toutes mes amitiés merveilleuses, mon amie, mon

amour ma mort, mon accalmie,

mes choléras mes lévriers mes tempes maudites et

les mines de radium enfouies dans l’abysse des mes

innocences

sauteront en grains

dans la mangeoire des oiseaux

(et le stère d’étoiles

sera le nom commun du bois de chauffage

recueilli aux alluvions des veines chanteuses de nuit)

à la 61e minute de la dernière heure

la ballerine invisible exécutera des tirs au cœur

à boulets rouges d’enfer et de fleurs pour la première fois

à droite les jours sans viande sans yeux sans méfiance

sans lacs à gauche les feux de position des jours tout court et des

avalanches le pavillon noir à dents blanches du
Vomito-Negro3 sera hissé pendant la durée illimitée du feu de brousse de la fraternité.

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Publié dansAime CesairePoètes

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