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Ballade de Victor Hugo père de tous les rimeursTheodore de Banville

En ce temps dédaigneux, la Rime

A force amants et chevaliers.

Ces chanteurs, pour qu’on les imprime,

Accourent chez nos hôteliers

De Voyron, pays des toiliers,

D’Auch, de Nuits, de Gap ou de Lille,

Et nous en avons par milliers,

Mais le père est là-bas, dans l’île.
Les uns devant le mont sublime

Bâtissent de grands escaliers

Qui vont jusqu’à la double cime;

Ceux-là, comme des oiseliers,

Prennent des rhythmes singuliers,

Ou rejoignent l’abbé Delille

Par le chemin des écoliers;

Mais le père est là-bas, dans l’île.
D’autres encor tiennent la lime;

D’autres, s’adossant aux piliers,

Heurtent la sottise unanime

De leurs fronts, comme des béliers;

D’autres, effrayant les geôliers

Du grand cri de Rouget de l’Isle,

Brisent nos fers et nos colliers;

Mais le père est là-bas, dans l’île.
Envoi.
Gautier parmi ces joailliers

Est prince, et Leconte de Lisle

Forge l’or dans ses ateliers;

Mais le père est là-bas, dans l’île.
Août 1869.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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