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Bestiaire de l’écureuilClaude Roy

Tes doigts distraits, à force d’indolence, de se dénouer, d’effleurer tes cheveux, tes doigts légers, écheveau d’impatience, ont inventé un pelage et deux yeux.

Un écureuil se glisse auprès de moi,

très courtois et très roux comme un bois en automne,

sensible aux mots, aux regards, à la voix,

un écureuil, attentive personne.

Il me regarde et je regarde ailleurs. Comment répondre à son appel discret? La vie est là, et moi toujours ailleurs, pas plus que lui je ne sais le secret.

Être écureuil est un jeu difficile hors des forêts, très loin des noisetiers. Notre lit n’est pas arbre ni asile, être écureuil ici devient très malaisé.

Tes doigts distraits, à force d’innocence, ont effacé en peignant tes cheveux cet écureuil, ce timide non-sens qui vit ici — parce que je le veux.

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Publié dansClaude RoyPoètes

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