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CélébritésAlain Bosquet

J’ai pris le train de
Rome.

J’ai dit à
Michel-Ange :

«
Mon vieux, je ne reviendrai plus ;

contente-toi des hordes japonaises. »

J’ai pris le train de
Bruges

et j’ai craché, l’un après l’autre,

sur les
Memling :

«
Je n’admire plus rien ;

ce qui m’était si doux, se transforme en torture. »

J’ai pris le ferry-boat pour
Londres.

Sur la scène podagre, au premier acte

de
Richard
II, je me suis écrié :

«
Suffit,
William !

c’est en moi désormais qu’on joue la tragédie. »

Je suis resté chez moi,

Mozart sur la cassette,

Corelli sur le disque :

«
Allons, vous m’empêchez

d’entendre la musique du silence. »

Puis j’ai brûlé

mes deux
Matisse et les œuvres complètes

de
Gogol, de
Balzac, de
Kafka.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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