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Chant du désespéréCharles Vildrac

Au long des jours et des ans,

Je chante, je chante.
La chanson que je me chante

Elle est triste et gaie :

La vieille peine y sourit

Et la joie y pleure.
C’est la joie ivre et navrée

Des rameaux coupés,

Des rameaux en feuilles neuves

Qui ont chu dans l’eau ;
C’est la danse du flocon

Qui tournoie et tombe,

Remonte, rêve et s’abîme

Au désert de neige ;
C’est, dans un jardin d’été.

Le rire en pleurs d’un aveugle

Qui titube dans les fleurs ;
C’est une rumeur de fête

Ou des Jeux d’enfants

Qu’on entend du cimetière.
C’est la chanson pour toujours,

Poignante et légère,

Qu’étreint mais n’étrangle pas

L’âpre loi du monde ;
C’est la détresse éternelle,

C’est la volupté

D’aller comme un pèlerin

Plein de mort et plein d’amour !
Plein de mort et plein d’amour,

Je chante, je chante !
C’est ma chance et ma richesse

D’avoir dans mon coeur

Toujours brûlant et fidèle

Et prêt à jaillir ;
Ce blanc rayon qui poudroie

Sur toute souffrance ;

Ce cri de miséricorde

Sur chaque bonheur.

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Publié dansCharles VildracPoètes

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