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Commune présenceRene Char

Le Marteau sans maître, 1934

 

Commune présence 

 

Tu es pressé d’écrire,

Comme si tu étais en retard sur la vie.

S’il en est ainsi fais cortège à tes sources.

Hâte-toi.

Hâte-toi de transmettre

Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.

Effectivement tu es en retard sur la vie,

La vie inexprimable,

La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir,

Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,

Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés

Au bout de combats sans merci.

Hors d’elle, tout n’est qu’agonie soumise, fin grossière.

Si tu rencontres la mort durant ton labeur,

Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,

En t’inclinant.

Si tu veux rire,

Offre ta soumission,

Jamais tes armes. 

Tu as été créé pour des moments peu communs.

Modifie-toi, disparais sans regret

Au gré de la rigueur suave.

Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit

Sans interruption,

Sans égarement.

 

Essaime la poussière

Nul ne décèlera votre union.

Le Marteau sans maître, 1934

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Publié dansPoètesRene Char

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