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ComptineAime Cesaire

C’est cette mince pellicule sur le remous du vin

mal déposé de la mer

c’est ce grand cabrement des chevaux de la terre

arrêtés à la dernière seconde sur un sursaut du gouffre

c’est ce sable noir qui se saboule au hoquet de l’abîme

c’est du serpent têtu ce rampement hors naufrage

cette gorgée d’astres revomie en gâteau de lucioles

cette pierre sur l’océan élochant de sa bave

une main tremblante pour oiseaux de passage

ici
Soleil et
Lune

font les deux roues dentées savamment engrenées

d’un
Temps à nous moudre féroce

c’est ce mal être

cette fiente

ce sanglot de coraux c’est fondant du ciel mémorable jusqu’au leurre de nos cœurs rouges à l’aube ce bec de proie rompant la poitrine inhospitalière

cage

et

marécage

C’est cet émouchet qui blasonne le ciel de midi de nos noirs cœurs planant

ce rapt

ce sac

ce vrac

cette terre

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Publié dansAime CesairePoètes

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