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Des rosesBonaventure Des Periers

Un jour de may, que l’aube retournee

Rafraischissoit la claire matinee,

Afin d’un peu recreer mes esprits,

Au grand verger, tout le long du pourpris

Me promenois par l’herbe fraische et drue,

Là où je vis la rosee espandue.

L’aube naissante avoit couleur vermeille

Et vous estoit aux roses tant pareille

Qu’eussiez douté si la belle prenoit

Des fleurs le teint, ou si elle donnoit

Aux fleurs le sien, plus beau que nulles choses :

Un mesme teint avoient l’aube et les roses. […]

Et dis ainsi : las ! à peine sont nees

Ces belles fleurs qu’elles sont jà fanees ;

Et, tant de biens que nous voyons fleurir,

Un mesme jour les fait naistre et mourir :

Mais si des fleurs la beauté si peu dure,

Ah ! n’en faisons nulle plainte à Nature.

Des roses l’aage est d’autant de duree

Comme d’un jour la longueur mesuree […]

Or, si ces fleurs un seul instant ravit,

Ce néanmoins, chacune d’elle vit

Son aage entier. Vous donc, jeunes fillettes,

Cueillez bientost les roses vermeillettes,

Puisque la vie, à la mort exposee,

Se passe ainsi que roses ou rosee.

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Publié dansBonaventure Des PeriersPoètes

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