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Devant mon berceauEmile Nelligan

Avec l’obsession d’un sanglot étouffant,
Combien ma souvenance eut d’amertume en elle,
Lorsque, remémorant la douceur maternelle,
Hier j’étais courbé sur ma couche d’enfant,

En la grand’chambre ancienne aux rideaux de guipure,
Où la moire est flétrie et le brocart fané,
Parmi le mobilier de deuil où je suis né
Et dont se scelle en moi l’ombre nacrée et pure…

Quand je n’étais qu’au seuil de ce monde mauvais,
Berceau, que n’astu fait pour moi tes draps funèbres ?
Ma vie est un blason sur des murs de ténèbres,
Et mes pas sont fautifs où maintenant je vais.

Ah ! que n’aton tiré mon linceul de tes langes,
Et mon petit cercueil de ton bois frêle et blanc,
Alors que se penchait sur ma vie en tremblant
Ma mère souriante, avec l’essaim des anges

Recueil : Motifs poétiques

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Publié dansEmile NelliganPoètes

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