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En vue soudainAndre Velter

Toi qui n’as pas régné sur Bactres

ni le cœur de Roxane,

toi qui n’as pas vu miroiter les enfers

au-delà de l’Amou Daria,

toi qui n’es pas mort d’une piqûre de rose

à l’ombre des jardins de Babylone,

tu ne crains pas d’essuyer sur ton front

une poussière d’épopée

avec dans le sang le désir féroce

de trouer la peau de chagrin de ce monde.

Vois comme tes paroles,

débordantes parfois ironiques toujours,

n’entendent pas désespérer Nichapour

ni les rêves levés au Cabaret de l’éphémère,

elles gardent en elles cette ivresse étemelle,

ce grand remuement d’âmes

dans la danse des atomes et des âges

qui ne promet rien ou peut-être rien

que la migration à nouveau jusqu’à toi

d’un seul et même corps de lumière.

Pour qui a voyagé couvert du manteau bleu des fées,

pour qui a compté les étoiles

aux ciels de bouches trop joyeuses,

pour qui a reconnu le soleil et l’été

jusqu’en la cendre enclose,

il n’est de passage qu’aux horizons perdus

aux cimes hors d’atteinte

où le souffle s’exténue et renaît

en vue soudain de quoi…

-Allons, est-ce encore

l’absolu ?

– En as-tu encore

la force ?

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Publié dansAndre VelterPoètes

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