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Envoi des feuilles d’automneVictor Hugo

A Madame ***

I

Ce livre errant qui va l’aile brisée,
Et que le vent jette à votre croisée
Comme un grêlon à tous les murs cogné,

Hélas ! il sort des tempêtes publiques.
Le froid, la pluie, et mille éclairs obliques
L’ont assailli, le pauvre nouveauné.

Il est puni d’avoir fui ma demeure.
Après avoir chanté, voici qu’il pleure ;
Voici qu’il boite après avoir plané !

II

En attendant que le vent le remporte,
Ouvrez, Marie, ouvrezlui votre porte.
Raccommodez ses vers estropiés !

Dans votre alcôve à tous les vents bien close,
Pour un instant souffrez qu’il se repose,
Qu’il se réchauffe au feu de vos trépieds,

Qu’à vos côtés, à votre ombre, il se couche,
Oiseau plumé, qui, frileux et farouche,
Tremble et palpite, abrité sous vos pieds !

Les chants du crépuscule

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Publié dansPoètesVictor Hugo

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