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ExilArmand Silvestre

Je sais une maison fleurie

D’où mon coeur n’est pas revenu,

Et qui m’est comme une patrie

Où l’exil m’a fait inconnu.
Comme une feuille au vent fanée,

A son seuil de lierre jeté,

En n’y restant qu’une journée

J’y laissai mon éternité.
Car mon rêve, au lierre fidèle

Mêlant mon âme, a suspendu

Au doux toit qui me parle d’elle

L’ombre de mon amour perdu.
Sitôt que son aile m’emporte,

C’est pour y ramener mes pas,

Et je revois la chère porte

Qui sur moi ne se rouvre pas ;
Le jardin tout plein de lumière

Où montait sur les deux pâlis

L’orgueil de la rose trémière

Dominant la candeur des lys ;
Et, debout au fond de l’allée

De chênes aux feuillages lourds

Le vieux mur où la giroflée

Posait ses rouilles de velours !

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Publié dansArmand SilvestrePoètes

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